"Enseigner en classe coopérative", deuxième jour

Piqûre de rappel : stage, premier jour (1/3)

8h30 : J’émerge péniblement (c’est quand les vacances ?), pour avoir le temps de prendre un peti dej’ avant le conseil prévu à 9h. Mais la mise en route semble difficile pour plus d’un-e, puisque le conseil ne démarre effectivement qu’à 9h25, sous la présidence de Gwen. Cela réduit quelque peu le champ des possibles pour la matinée avec une seule plage de travail.

10 h : Les ateliers sont formés, et je rejoins le groupe de travail autour du vote et des processus de décision. Comment se prennent les décisions collectives en classe ? A quel moment solliciter l’avis des enfants, en quelles occasions, de quelle manière ? En quelle circonstance l’enseignant peut-il (doit-il ?) faire jouer son veto en tant que garant des apprentissages et du bon fonctionnement de la classe ?

L’enfant doit être consulté sous une forme appropriée à son discernement compte tenu de son degré de compréhension à l’égard des procédures. (Convention européenne sur l’exercice des droits des enfants, article 6 – “Processus décisionnel”)

Il ressort que dans une classe coopérative, l’enfant est souvent invité à donner son avis : pour choisir parmi plusieurs propositions d’activités qui touchent à la vie collective, pour sélectionner une création parmi d’autres afin d’en faire un objet d’étude, pour prendre une décision relative à la vie de la classe (régulation), pour mandater des personnes… Chaque stagiaire expose des idées de fonctionnement, de la “recherche de consensus” au “vote par adhésion” (avec un minimum de 50 ou 75 % de “pour”) en passant par la prise de décision par vote unique, vote multiple… ou en explorant la voie de la “sociocratie” (à creuser…).

Encore un temps bien riche, qui se prolonge juste avant le repas par un échange non moins intéressant avec Olivia, qui organise sa classe en réalisant un sociogramme : un outil qui permet de définir le réseau d’affinités entre élèves et donc de renforcer l’efficacité pédagogique en jouant sur le climat social et la dynamique relationnelle de la classe (maximiser les relations fertiles, minimiser les relations conflictuelles). Je me promets de creuser un peu plus le sujet à la fin du stage, afin de réorganiser ma classe dès la rentrée !

13h30 : Après le repas, je m’aventure sur la plage avec quelques courageuses. Le sable est étrangement recouvert de taches rouges-brunes, et nous en déduisons que c’est un coup du sirocco. Il y a un vent de mer à tout casser et des vagues impressionnantes. C’est très spectaculaire, et aussi assez pénible pour les tympans… je mettrai un bon moment pour me déboucher les oreilles et évacuer les abeilles sous mon crâne.

14h : Nous nous retrouvons très nombreux (au moins une vingtaine) dans l’atelier sur les rituels, avec des attentes différentes selon les cycles ou les classes à multiples niveaux. Finalement trois groupes sont constitués et mes notes éparpillées traduisent la multiplicité des fonctionnements (formes, durées et contenus très variables), selon l’adage “autant de pratiques que de pratiquants”… C’est encore un peu flou, mais cela reste des temps de structuration essentiels !

Pendant ce temps, le vent a littéralement “poussé” la mer : celle-ci a franchi la petite dune qui faisait rempart et a inondé la cuvette et la route en contrebas du centre, où certains ont garé leurs véhicules… Comme une grande marée, la mer a progressé de plusieurs dizaines de mètres !

16h : J’ai rejoint un groupe sur la pratique du “marché de connaissances”. L’idée consiste à organiser un temps d’échange entre pairs afin de partager des mini-connaissances (savoir-faire aisément transmissible en quelques minutes) avec les autres : chacun est donc tout à tour “passeur” puis “receveur” (ou inversement).

Les passeurs présentent leur atelier par une fiche descriptive (énonçant notamment clairement ce que l’on va apprendre en participant à l’atelier) ; les receveurs se déplacent de stand en stand avec leur “panier” (la liste de tous les ateliers). Lorsque tous les ateliers sont prêts, la première phase du marché démarre avec la moitié des élèves jouant le rôle de passeurs, l’autre moitié jouant le rôle de receveurs. Au bout d’un certain temps (45 minutes, une heure…), on inverse les rôles.
Un atelier peut se terminer par un bilan qui permet de valider la participation et/ou la réussite du receveur. Les réussites peuvent être affichées en réalisant un “arbre de connaissance” qui symbolise “tout ce qui a été appris”…

Le marché de connaissances est un véritable outil coopératif, qui permet de véhiculer deux idées fortes :
– chacun peut apprendre quelque chose aux autres ;
– on peut apprendre en se faisant plaisir, et en valorisant des savoirs “non-scolaires” ;

L’Iza nous confiera même que dans son école, la sempiternelle kermesse de fin d’année a été remplacée par un marché de connaissances, auquel participent enfants et parents : quelle idée fantastique !

Il ne reste plus qu’à organiser le marché prévu le lendemain pour la dernière après-midi du stage…

(Et pour en savoir plus, il y a le site de Bruce…)

Après le bilan, le repas du soir et le rendez-vous Kamishibaï de 20h30, démarre pour moi une longue soirée libre d’échanges informels et de découvertes, tellement il y a d’outils, de livres et de jeux en partage, et tellement il y a de personnes-ressources ouvertes et disponibles en tous lieux et à chaque instant !

En vrac, parce que je ne sais plus vraiment dans quel ordre tout cela s’est déroulé (et d’ailleurs on s’en fout, c’était juste passionnant !) :

– je me suis laissé bercer par le “concerto à deux violons” joué par Nathalie et Lazare (et son instrument de 1842 !), puis par la guitare de Lise…

– j’ai jeté un regard admiratif sur l’impressionnant “classeur du visiteur” mis en consultation par l’Iza, à destination des remplaçants, de l’inspecteur ou des parents : un véritable abécédaire du fonctionnement d’une classe coopérative (une cinquantaine d’entrées de A comme affichage à T comment Travail individualisé), ou comment prendre le temps d’écrire ce que l’on fait, pourquoi on le fait, comment on le fait… Un gros travail d’écriture nécessaire pour clarifier et mettre à jour le fonctionnement de sa classe, prendre un peu de recul sur sa pratique… (et peut-être utile aussi pour désarmer n’importe quel inspecteur). Bref, un travail très inspirant !

– j’ai participé à un échange engagé et instructif avec Franck et quelques autres, sur le rapport (de force ?) avec l’institution, qui nous a inévitablement mené sur la question de la désobéissance et de la résistance pédagogique (la région montpelliéraine est fortement mobilisée depuis la rentrée 2008).

– j’ai découvert avec Bruce – et en même temps que Pierre – les possibilités offertes par un “espace numérique de travail” (avec le site Beneyluschool.net) , un site internet spécialement conçu pour un usage de classe, sur lequel enseignants, parents et élèves peuvent communiquer et dialoguer à partir d’un compte personnel (authentification par identifiant et mot de passe). La ville de Marseille vient tout juste de l’installer, et le site de ma classe sera fonctionnel dès la rentrée.

– j’ai joué aussi, beaucoup, à plein de jeux sympas (et pas que pour la classe !). Ce soir-là, j’ai ainsi joué à Dobble (un jeu d’observation et de rapidité – idéal pour tous les niveaux de l’école), à Fame Us (un jeu d’ambiance autour de personnages célèbres “entre connaissances et bluff”, plutôt pour adultes celui-là), pour finir en fanfare avec l’incontournable Time’s Up !

C’est comme ça que j’ai réalisé qu’il était 2h du mat’ et qu’il y avait encore une journée pleine le lendemain. Je suis allé me coucher, en saluant les participants d’un jeu de rôle qui allaient poursuivre jusqu’à 4h…

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