En vingt-cinq ans de carrière à l’Éducation nationale, j’ai essayé de tracer ma voie avec un impératif : me sentir bien dans mon école, dans mon métier. Cela voulait surtout dire me sentir libre, libre d’exercer, libre d’essayer, libre d’être l’enseignant que je voulais être ou devenir… Mais comment faire pour évoluer et avancer dans ce métier sans renier sa liberté ?
Débuter comme remplaçant, c’était une liberté, et une vraie opportunité de découvrir de multiples manière de faire la classe, dans différents environnements humains, à tous les niveaux.
Faire une pause au bout de trois ans et partir en Afrique, c’était évidemment gagner en liberté. Est-ce que je me suis un jour approché plus près du sentiment de liberté absolue que j’ai éprouvé au cours de cette aventure ?…
Prendre une classe à moi après six ans de métier, c’était gagner encore en liberté puisque j’avais désormais la capacité de faire des choix – et de les assumer ;
Me lancer en pédagogie Freinet, c’était affirmer ma liberté pédagogique, et enfin mettre en cohérence mes valeurs et mes pratiques. Expression libre, coopération, tâtonnement…
Rejoindre une équipe Freinet, c’était évidemment gagner en liberté, en m’immergeant dans le fonctionnement d’une école pas vraiment comme les autres, plus proche d’une Zeste que d’une école-caserne.
Prendre la direction de l’école, c’était préserver ma liberté (être celui qui a les clés), tâcher de protéger un peu celle de mes collègues et les droits des enfants. J’aurais gardé le cap trois années… me sentant de moins en moins libre et à l’aise dans l’institution au fil des mois.
Alors lâcher la direction et quitter l’école, c’était évidemment une libération – et un nouveau départ.

