J’ai découvert la “discussion à visée philosophique” (DVP) en octobre 2011, lors du stage de Toussaint organisé par l’ICEM 34, à l’occasion d’un atelier animé par… Sylvain Connac himself. Il ne s’agit pas de former les enfants à la philosophie, mais de développer en eux les compétences du raisonnement, de la réflexion, de l’écoute, en intégrant les “exigences intellectuelles du philosopher”, pour favoriser le développement d’une pensée propre.
Quelques semaines plus tard, j’ai visionné le formidable film Ce n’est qu’un début, qui relate la vie d’un atelier de philosophie dans une école maternelle de Seine et Marne.
Des noms reviennent régulièrement lorsqu’on évoque la philosophie à l’école et qu’on butine un peu : Matthew Lipman (fondateur de la Philosophie Pour les Enfants), Michel Tozzi, Edwige Chirouter… Les pratiques se développent et les références sur la toile sont de plus en plus nombreuses.
On constate depuis bientôt dix ans dans les classes l’émergence de discussions à visée philosophique à l’école primaire et au collège, le développement de stages en formation initiale et continue sur ces nouvelles pratiques, la multiplication d’ouvrages didactiques et de collections ad hoc en littérature de jeunesse, alors que paradoxalement la philosophie n’est pas à ces niveaux une matière au programme. (Michel Tozzi, 2006)
Le même Michel Tozzi détaille en cinq petits vidéos les compétences que la philosophiques développe chez les élèves, les fondements théoriques, les différentes pratiques de la DVP…
Pour évacuer les dernières hésitations, j’ai investi au cours de l’été 2012 dans un petit livre intitulé Discussions à visée philosophique à partir de contes pour les 5 à 14 ans, de Claudine Leleux et Jan Lantier dans la collection Apprentis philosophes (Éditions De Boeck). On y trouve quelques points de méthodologie, des conseils pour préparer et animer une DVP, et 20 contes philosophiques d’Afrique, constituant autant de points de départ pour des discussions nombreuses et fertiles… j’espère ! Il ne me reste plus qu’à aller acheter la bougie de la connaissance
Déroulement possible d’une DVP :
1 – Point de départ : lecture d’un album, d’une fable, d’un conte, d’une citation, destiné à susciter un questionnement.
2 – Vérification de la compréhension du texte initial (reformulation, questionnement factuel)
3 – Cueillette de questions “philo”, à partir de l’histoire, avec reformulation éventuelle. Éliminer les questions factuelles, dont la réponse est donnée par le texte !
Une question philosophique, c’est une question qui ne peut pas être résolue en conseil, et à laquelle on ne peut pas répondre avec un dictionnaire ou une encyclopédie.
4 – Discussion : amorçage (à partir du texte initial) et élargissement (pour sortir de l’histoire, généraliser, relancer la discussion, nuancer un propos…). Au sein d’une classe coopérative, des rôles peuvent être distribués : président, reformulateur, synthétiseur, animateur, discutant… (cf. la contribution d’Alain Delsol, ou le chapitre sur la DVP dans le livre de Sylvain Connac).
5 – Rédaction de “sagesses” individuelles à l’issue de la discussion, puis choix collectif (vote multiple) de la “sagesse du jour de la classe”.
Quelques ouvrages pour mettre en place la DVP en classe :
- Discussions à visée philosophique à partir de contes pour les 5 à 14 ans (Claudine Leleux et Jan Lantier)
- Aborder la philosophie en classe à partir d’albums de jeunesse (Edwige Chirouter)
- Trois collections de petits livres accessibles aux élèves de cycle 3 : Piccolophilo (Éditions Albin Michel), Les goûters philo (Éditions Milan Jeunesse) et Philozenfants (Éditions Nathan)
- Yakouba (de Thierry Dedieu), exemple d’approche philosophique d’un texte littéraire (IUFM de Créteil)
Sites de ressources & liens associés :
- AGSAS - Groupes de soutien au soutien : Philosopher et analyser les pratiques enseignantes